Le terme « bébé-éprouvette » désigne les techniques récentes de traitement de la stérilité, en particulier, la possibilité de fertiliser un ovule par du sperme à l’extérieur de l’utérus.

Le terme médical utilisé pour décrire ce processus est fertilisation in vitro ou fertilisation à l’extérieur du corps humain. Cette fertilisation est dite artificielle pour la distinguer de la fertilisation naturelle qui a lieu à l’intérieur de l’utérus. La fertilisation artificielle est différente de l’insémination artificielle qui consiste à introduire du sperme dans l’utérus de manière artificielle pour fertiliser l’ovule.

Remédier au problème de la stérilité et aider le couple marié à avoir des enfants sont les principaux objectifs de cette technique. Cependant, cette technique a des implications qui dépassent le problème de stérilité du couple marié.

Porter un enfant n’est pas simplement un processus biologique, c’est aussi un processus social, religieux et psychologique. Dieu a établi une règle selon laquelle la naissance d’un enfant a lieu dans le cadre de la famille et du sacrement du Mariage, et toute interférence dans ce processus doit être soumise à une régulation stricte.

Mais avant d’aborder cette technique du point de vue religieux, je voudrais expliquer les réalisations médicales dans ce domaine.

La famille est la structure d’accueil naturelle pour la naissance d’un enfant. Lors d’un rapport physique entre l’homme et sa femme, l’ovule est fertilisé par le sperme et un embryon est formé à l’intérieur de l’utérus. Quand cet embryon est complètement formé, le bébé nait, et il est élevé au sein de la famille qui prend soin de lui.

Dans certains cas, cependant, le couple peut être privé d’enfants. Cette stérilité peut provenir du mari, de la femme ou des deux. En diagnostiquant les causes de cette stérilité, il est possible de venir en aide au couple marié.

La médecine a développé de nombreuses techniques de traitement de la stérilité. Ainsi, la stérilité du mari peut être surmontée en plaçant artificiellement le sperme dans l’utérus. Cette technique est appelée insémination artificielle. Du point de vue médical, le sperme pourrait être fourni par le mari (insémination artificielle par le mari) ou par un autre homme (insémination artificielle par un donneur); cette dernière technique n’est pas acceptable du point de vue religieux.

Comme remède à la stérilité de la femme, il est possible d’extraire l’ovule de son ventre. La fertilisation de l’ovule par le sperme s’effectue en laboratoire in vitro. Ensuite, dans un délai de 14 jours, l’ovule fertilisé est remis dans l’utérus où l’embryon se développe. Dans le cas où l’utérus de la femme n’est pas apte à recevoir l’ovule fertilisé, celui-ci peut être placé dans l’utérus d’une autre femme appelée mère porteuse. Son rôle est limité à porter l’enfant dans son ventre.

Avec le développement de la médecine, il est maintenant possible de faire grandir l’embryon en laboratoire. C’est ce qu’on appelle l’ectogenèse.

Ainsi, les progrès de la médecine ont fait apparaître plusieurs cas de figure inédits:

Le cas où l’ovule est fertilisé par le sperme à l’extérieur du corps puis placé dans l’utérus de la femme. La femme donne naissance à l’enfant qui grandit avec son père et sa mère. Ce cas est parfaitement naturel, à l’exception de la méthode utilisée pour la fertilisation.

Le cas où l’ovule de la femme est fertilisé par du sperme ne provenant pas du mari ou vice versa, puis l’ovule fertilisé est placé dans l’utérus de la femme. Dans ce cas, l’enfant n’est pas apparenté génétiquement à l’un des parents. C’est ce qui se produit en cas d’adultère, à ceci près qu’ici, l’adultère n’a pas eu lieu physiquement.

Le cas où un ovule ne provenant pas de la femme est fertilisé par du sperme ne provenant pas du mari, puis l’ovule fertilisé est placé dans l’utérus de la femme stérile qui donne naissance à un enfant qu’elle élève avec son mari. Dans ce cas, l’enfant n’est apparenté génétiquement ni au mari ni à la femme, bien qu’ils soient ses parents du point de vue social. Ce cas peut être comparé à une adoption qui aurait été décidée avant la naissance de l’enfant adoptif. C’est pourquoi cette technique est appelée adoption pré-natale.

Le cas où l’ovule de la femme est fertilisé par le sperme du mari, puis l’ovule fertilisé est placé dans l’utérus d’une autre femme où l’embryon se développe. A la naissance de l’enfant, ce dernier est rendu à ses parents qui l’élèvent. Dans ce cas le mari et la femme sont bien les parents de l’enfant aussi bien du point de vue biologique que du point de vue social. Toutefois, l’enfant a aussi une autre mère, celle qui l’a porté, bien qu’il ne soit apparenté à elle ni génétiquement, ni socialement. Cette femme ne l’élève pas. On l’appelle mère porteuse.

Les progrès de la médecine ont donc permis de traiter de nombreux cas de stérilité. Cependant, il s’en est suivi l’apparition de situations inédites qui posent de nombreux problèmes de conscience. Ces problèmes doivent être traités du point de vue religieux.

1. J’ai expliqué que porter un enfant n’était pas simplement un processus biologique, mais c’est aussi un processus social, religieux et psychologique. La religion impose certaines règles à la procréation, et il ne faut pas s’en écarter.

Du point de vue religieux, avoir un enfant se déroule dans le cadre de la famille formée par l’homme et la femme unis par le Sacrement du Mariage. C’est pourquoi l’introduction d’une tierce personne dans le processus de l’enfantement n’est pas acceptée. Cette situation peut survenir dans deux cas:

quand le sperme est fourni par un autre homme (insémination artificielle par un donneur), ou quand l’ovule est fourni par une autre femme (don d’ovule),

quand l’embryon grandit dans l’utérus d’une autre femme (mère porteuse). Dans ce cas, bien que l’embryon soit le fruit de l’union entre le sperme du mari et l’ovule de la femme, l’évolution de l’embryon nécessite la participation d’une tierce personne. Cette situation, qui n’est pas acceptée par la religion, crée plusieurs problèmes, aussi bien juridiques que psychologiques:

du point de vue juridique, laquelle des deux femmes peut réclamer la maternité de l’enfant ? La femme qui a porté l’enfant a-t-elle perçu une rémunération ? La religion permet-elle à une femme de louer son utérus ?

du point de vue psychologique, le fait de porter un embryon crée-t-il des sentiments maternels envers l’enfant ? A laquelle des deux femmes l’enfant se sentira-t-il affilié ?

Dans le cas de l’ectogenèse (la croissance de l’embryon se déroule en laboratoire), bien qu’il n’y ait pas recours à l’utérus d’une autre femme, il s’agit quand même d’une déviation par rapport au cours normal de l’enfantement du point de vue religieux. En effet, porter un enfant devient un processus totalement artificiel qui a des effets néfastes, au moins psychologiquement, sur l’enfant et la mère, si toutefois on peut l’appeler mère.

 

2. Lors de la fertilisation in vitro, plusieurs ovules sont fertilisés, puis l’un des ovules fertilisés est choisi pour être placé dans l’utérus de la femme.

Ceci est un prérequis pour le succès de la grossesse, et il n’arrive jamais qu’un seul ovule soit fertilisé. Là se pose la question de la destinée des autres ovules fertilisés. C’est une question importante du point de vue religieux, car l’embryon est considéré comme un être vivant à partir du moment où la fertilisation a lieu. Si les embryons non sélectionnés sont destinés à mourir, n’est-ce pas considéré comme un meurtre du point de vue religieux ?

Ainsi, même dans le cas du bébé-éprouvette issu du mari et de la femme, et grandissant dans l’utérus de la femme, nous devons prendre en compte la présence des autres ovules fertilisés et leur destinée. Sinon, l’arrivée de cet enfant sera construite sur la destruction de ses frères et soeurs.

3. La réussite de la science et de la médecine à extraire l’ovule du ventre de la femme et à le fertiliser avec du sperme en laboratoire a permis la réalisation d’expériences sur des embryons.

Cela soulève la question suivante: est-il permis de réaliser des expériences sur l’embryon ? L’embryon a-t-il la même dignité qu’une personne ? Est-il permis de former des embryons uniquement à des fins d’expérimentation ? Ces expériences peuvent avoir des buts nobles, tels que l’amélioration du processus de la fertilisation in vitro, l’essai de nouveaux traitements pour les maladies génétiques ou l’essai d’un nouveau médicament. Mais la religion accepte-t-elle d’utiliser des humains comme champ d’expériences, même si c’est pour une noble cause ? Si cela est inacceptable pour les humains, peut-il être acceptable pour l’embryon, s’il se trouve que les deux ont la même dignité ?

Le développement de la génétique a permis le contrôle des propriétés de l’embryon. Cela signifie que dans le futur, il sera possible de former un embryon ayant des qualités spécifiques concernant son sexe, ses aptitudes mentales et son aspect. En d’autres termes, le processus de l’enfantement se transformera en un processus de production d’humains. Par conséquent, la recherche sur les embryons doit obéir à une régulation stricte des points de vue religieux, juridique et social.