Le génie génétique est une science moderne qui s’est rapidement développée avec la découverte de la composition chimique des gènes responsables des attributs héréditaires et du mécanisme correspondant.

Les savants ont réussi à extraire ces gènes, à les transférer d’un être vivant à un autre, créant ainsi une nouvelle créature dotée de qualités génétiques nouvelles, de même qu’ils ont réussi à modifier les facteurs génétiques d’autres créatures.

Le domaine du génie génétique s’est élargi au point d’inclure l’être humain. Nous nous trouvons à l’aube du jour où l’homme pourra contrôler les qualités génétiques des générations futures.

Le progrès dans le domaine du génie génétique a soulevé plusieurs questions qui nécessitent une réponse du point de vue religieux. Avant d’y répondre, j’aimerais faire un bref tour d’horizon historique et scientifique qui permettra de mieux comprendre la nature de ces questions.

Aperçu historique

En 1866, le moine autrichien Mendel publia les principales lois génétiques qu’il déduisait au terme de ses expériences sur les plantes. Au cours de ses expériences, Mendel découvrit que les qualités génétiques sont transférées par deux facteurs: l’un d’origine mâle et l’autre d’origine femelle, et que l’un de ces deux facteurs est prédominant. En 1902, le savant américain Walter Sutton déclara que les facteurs héréditaires découverts par Mendel se trouvent dans les chromosomes, connus plus tard sous le nom de gènes. Au début des années 40, le savant américain George Leadle découvrit que les gènes agissent sous le contrôle de synthèse protéique. En 1944, il fut découvert que les gènes étaient formés d’acide deoxyribonucléique (ADN). L’année 1953 marque la découverte de la composition des deux particules de l’ADN. Dans les années 60 fut découvert le mécanisme selon lequel l’ADN influence la synthèse protéique. Cette étape mena à la découverte du code génétique qui permit aux savants de former l’ADN à partir de deux ou plusieurs sources.

Ce bref aperçu historique montre que dans un laps de temps très court il fut possible non seulement de découvrir les gènes et leur composition mais en plus, de les produire en laboratoire et de les transférer d’une créature à une autre.

Aperçu scientifique

Le lecteur pourrait se demander: Qu’est-ce que les chromosomes ? Qu’est-ce que les gènes ? Qu’est-ce que l’ADN ? Qu’appelle-t-on code génétique ? Comment sont produits les gènes ? Comment s’est développé le transfert des gènes ?

Les chromosomes sont des particules microscopiques qui ressemblent à des fils. On les trouve dans le noyau de la cellule et ils portent les qualités héréditaires de l’être vivant. Dans un corps humain, le noyau contient 23 paires de chromosomes. Chaque paire diffère des autres par la taille et la forme. La 23ème paire est nommée chromosome du sexe puisqu’elle diffère selon son appartenance à un être mâle ou femelle. Quelques maladies héréditaires sont accompagnées de désordres chromosomiques, la plus connue étant le mongolisme qui se caractérise par un retard mental chez les enfants. En 1959 on découvrit une différence dans les cellules des enfants atteints par cette maladie: le chromosome no. 21 comprenait un triplet et non une paire.

Sur ces chromosomes se trouvent des régions spécifiques où les qualités héréditaires sont déterminées. Ces régions sont les gènes qui sont composés d’ADN (Acide Deoxyribonucléique). Les deux particules d’ADN consistent en deux fils entrelacés ressemblant à une échelle vrillée. Des bases nitrogénées se trouvent aux points de contact de ces fils. Dans chacune des deux particules d’ADN se trouvent quatre bases nitrogénées: Thyrine (T), Adénine (A), Gaunine (G) et Cystone (C). L’ordre de répartition de ces bases dans les deux particules d’ADN peut différer d’un gène à un autre. Alors que tous les gènes sont composés d’ADN, ils diffèrent l’un de l’autre par la répartition de l’ordre des bases, et c’est cela qu’on appelle le code génétique.

Les gènes influencent les qualités héréditaires par le contrôle qu’ils exercent dans la formation de la synthèse protéique. Les protéines sont formées à partir d’acides aminés. Il fut découvert que chaque acide aminé comprend un code de trois bases. Il est un autre code qui régit le déclenchement du procédé de formation de l’acide aminé, et un troisième code qui déclenche l’arrêt de sa production. Il fut aussi découvert que le code de l’acide aminé est présent dans toutes les créatures vivantes, depuis les bactéries jusqu’aux humains.

Ainsi, on parvient à connaître le code spécial qui déclenche la formation de l’insuline, et extraire le gène capable de produire l’insuline dans le corps humain. Ce gène fut transféré en laboratoire à un type de bactérie connue sous le nom d’E-coli. En reproduisant cette bactérie, il est apparu une espèce de bactérie capable de produire l’insuline. Cette bactérie porte le gène de l’insuline qui, à son tour, se multiplie. Ainsi, il fut possible de transférer ce gène à d’autres créatures capables de produire l’insuline, et ainsi de suite.

Le génie génétique a transformé les bactéries en une usine capable de produire l’insuline, l’hormone de croissance et la globuline anti-hémophilique.

Le transfert des gènes a même réussi d’autres prouesses. Ainsi, des expériences sur des rats ont permis le transfert de certains gènes aux ovules reproducteurs permettant la production de nouvelles générations portant les qualités héréditaires de ces gènes. Ces progrès ont suscité la crainte que ces expériences ne soient appliquées à l’être humain. Dans ce cas, des gènes comportant des qualités spécifiques pourront être transférés aux ovules reproductrices. Ces gènes pourront être extraits, soit à partir de cellules humaines, soit à partir de cellules provenant de toute autre créature vivante.

Des expériences ont été menées sur des grenouilles et ont permis de transférer un noyau à un ovule dénoyauté. Cette cellule se multiplia jusqu’à former une autre grenouille. Ce procédé s’appelle clonage.

Ces progrès successifs dans le domaine du génie génétique ont soulevé plusieurs questions:

  • Le génie génétique est-il considéré comme une ingérence dans l’oeuvre de Dieu, en particulier dans le contrôle des qualités héréditaires ?
  • Le génie génétique est-il contre nature ?

Quels sont les effets de ces découvertes sur l’humanité dès lors que leur portée s’étend rapidement vers l’être humain ?

Je voudrais résumer ce qui a été mentionné :

  1. Chaque cellule contient un noyau à l’intérieur duquel se trouvent des chromosomes qui renferment les gènes responsables des traits héréditaires. Chacun de ces gènes est responsable d’une qualité héréditaire particulière.
  2. Tous les gènes ont la même structure chimique : l’ADN. Deux particules d’ADN contiennent quatre bases nitrogénées qui diffèrent dans leur ordre d’un gène à l’autre. Les gènes se différencient par l’ordre de ces bases nitrogénées : le code.
  3. Quand le gène responsable d’une qualité héréditaire spécifique est découvert, il est possible de l’extraire et de le transférer dans une autre créature vivante, produisant ainsi de nouvelles espèces portant cette qualité qui n’était pas présente à l’origine. Un exemple pratique est celui de la production d’insuline. La capacité à secréter de l’insuline est une caractéristique héréditaire de l’homme (le diabète étant une maladie héréditaire). La bactérie E-Coli n’a pas cette capacité ; cependant, il a été possible de produire de nouvelles espèces d’E-Coli qui secrètent de l’insuline en transférant dans la bactérie le gène responsable de la sécrétion.
  4. Le génie génétique a réussi à transférer de nouvelles qualités génétiques chez des créatures plus évoluées que les bactéries, telles que les rats. En parvenant à transférer de nouvelles qualités héréditaires chez des êtres humains par le transfert des gènes, cette science ouvre de grandes possibilités.

La question qui se pose ici est de savoir si les réalisations de l’homme dans ce domaine interfèrent avec le travail de Dieu, autrement dit, est-ce que l’homme crée dans ce cas de nouveaux êtres vivants ?

La réponse, bien entendu, est non. La capacité de créer, qui est un attribut exclusivement divin, consiste à faire apparaître quelque chose du néant.

Les qualités que l’homme introduit par le génie génétique étaient présentes depuis la création du monde par Dieu, et les gènes existaient depuis le début de la création, mais l’homme ne les a découverts qu’au cours du siècle présent.

Dans les années cinquante, l’homme a été capable de découvrir la structure des gènes. Dans les années soixante, il a été capable de découvrir leur code spécifique, et dans les années soixante dix et quatre vingts, il a été capable de les reproduire en laboratoire. Et l’homme travaille toujours pour en savoir plus à ce sujet.

Du point de vue religieux, ce que l’homme a réalisé dans ce domaine n’est pas considéré comme un miracle. Un miracle est un acte surnaturel que l’intelligence humaine ne peut pas comprendre. Or, les réalisations du génie génétique, bien que merveilleuses, ont une explication scientifique qu’un étudiant en science pourrait comprendre, et que nous avons essayé d’expliquer au lecteur en rappelant quelques faits scientifiques dans ce domaine.

Nous ne visons pas à sous-évaluer ces réalisations, mais plutôt à les placer dans une perspective correcte par rapport à l’œuvre divine.

Dans Son amour pour l’homme, Dieu l’a créé à Sa propre image et à Sa ressemblance. Il lui a donné le pouvoir de dominer les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tout animal qui se meut sur la terre (Genèse 1:27-28). Tout mystère de la nature que Dieu révèle à l’homme l’aide à assujettir le monde et à le dominer. Dieu créa le jardin d’Eden pour l’homme afin qu’il le cultive et le garde (Genèse 2:15) et Il lui a donné le commandement lui indiquant que faire et ne pas faire (Genèse 2:16-17). Selon ce critère, tout ce que fait l’homme doit avoir pour but la préservation du monde, non sa destruction et sa ruine, et ce, dans le respect des commandements de Dieu.

Par conséquent, le travail de l’homme dans le domaine du génie génétique est, en principe, acceptable, étant donné que l’homme a le droit d’œuvrer à dominer le monde en perçant ses secrets. Cependant, les résultats de ce travail et les moyens de l’accomplir doivent faire la distinction entre ce qui est acceptable du point de vue religieux, et ce qui ne l’est pas.

Par exemple, la production de nouvelles espèces de bactéries pouvant secréter de l’insuline est une bonne chose qui contribue au traitement du diabète: c’est en effet une source de production d’insuline. Cela pourrait, à l’avenir, permettre de trouver un remède définitif à ce mal chronique, en transférant chez le patient le gène responsable de la production d’insuline.

Quant à la production de nouvelles espèces de grenouilles par des moyens artificiels en transférant un noyau dans une cellule, il s’agit là d’un acte absurde. Le simple fait d’envisager une telle expérience est un péché qui demande repentir et rétribution.

Nous devons tenir compte de la dignité de l’humanité, que Dieu a créée à Sa propre image. Si nous parlons du transfert de qualités humaines vers l’animal et vice-versa, il faut se demander s’il est permis de transférer les traits que Dieu a donnés à l’homme et qui le distinguent des autres créatures. De même, est-il acceptable de transférer des qualités génétiques de l’animal vers l’homme ?

Du point de vue scientifique, les expériences dans ce domaine sont encore à un stade très précoce, et les résultats obtenus ne sont pas encore tangibles. Cependant, le génie génétique se développe à un rythme terrifiant, et il est nécessaire de mettre l’accent sur les qualités génétiques par lesquelles Dieu a distingué l’homme, et qui ne devraient être transférées à aucune autre créature, ainsi que les qualités non-humaines qu’il serait humiliant de transférer à l’homme.