La toxicomanie est l’un des principaux problèmes auxquels la société actuelle est confrontée.

La toxicomanie entraîne la destruction de l’homme et la perte de ce que la société a de plus précieux : la jeunesse. Elle est l’expression de la frustration et des souffrances dont la société est victime.

La toxicomanie et le crime sont deux faces respectives d’une même pièce et ils sont une menace pour l’humanité.

La toxicomanie est un problème universel auxquels les pays développés et en voie de développement sont confrontés. Depuis quelques années, le problème s’est accru à cause de la recrudescence du nombre de drogues, particulièrement parmi les jeunes en milieu scolaire et universitaire ainsi qu’en milieu associatif.

La prise de drogues « dures » comme l’héroïne s’est accrue, et par conséquent, il y a une augmentation du nombre de crimes commis par les toxicomanes incapables de penser convenablement sous l’emprise de la drogue ou obnubilés par l’idée d’en acquérir, ce qui leur fait oublier tout principe religieux, social ou moral.

La toxicomanie est un problème national dont les effets ne sont pas limités aux seuls toxicomanes. Elle affecte toute la société qui doit unir ses efforts pour y faire face.

La toxicomanie détruit la vie du toxicomane ; non seulement sa vie sur terre mais aussi sa vie éternelle en lui confisquant sa liberté et en le rendant dépendant de la drogue, le poussant à commettre péchés et crimes.

Par conséquent, la responsabilité de l’Eglise face à ce fléau est à la fois spirituelle et nationale.

Les causes relatives à ce problème vont être examinés puis un exemple concret sera donné afin de montrer comment l’Eglise peut y faire face.

 

Qu’est-ce qu’une drogue ?

Une « drogue » peut être définie comme étant une matière première ou une substance chimique contenant des stimulants ou des calmants qui, si son utilisation est faite en dehors d’une prescription médicale et / ou d’un but industriel, peut conduire à la toxicomanie qui nuit à l’individu ainsi qu’à la société, physiquement, psychologiquement et socialement.

Les stupéfiants (narcotiques) sont analgésiques, comme l’opium et ses dérivées ; hypnotiques ou stimulants comme les amphétamines, le tabac et la nicotine ; hallucinogènes comme le L.S.D. Les produits hallucinogènes sont des produits naturels extraits de plantes telles que l’opium, lequel est issu du pavot. Ils peuvent être artificiels, comme certaines drogues médicales.

Le danger ne vient pas du stupéfiant en lui-même mais de son mauvais usage. En effet, les narcotiques peuvent être très utiles en médecine, dans le cas d’injection de morphine par exemple, pour soulager la douleur.

En fait, l’usage des narcotiques en médecine répond à des règles très strictes afin d’éviter tout effet nocif.

Les personnes qui recourent à ce genre de drogue le font par curiosité, imitation et pour échapper à une dure réalité résultant de leurs mauvaises fréquentations ou pour toute autre raison.

On a observé que certains toxicomanes l’étaient devenus après avoir suivi un traitement pour le mal de tête par exemple, après avoir inhalé de la colle ou encore avoir fumé un joint…

Les dealers usent fréquemment de ces ruses pour faire circuler les drogues, en particulier celles qui conduisent facilement à la dépendance, comme c’est le cas pour l’héroïne.

 

Quelles en sont les causes ?

Les causes de la toxicomanie dépendent de la personnalité du toxicomane. Ce dernier a certainement une personnalité défaillante, dont les causes sont très profondes, comme dans le cas de troubles psychosomatiques ou psychologiques remontant à l’enfance, favorisés par un climat familial instable et un sentiment d’insécurité.

Les raisons peuvent également être les suivantes : la curiosité, la disponibilité des drogues, des conceptions mal fondés vis-à-vis du sexe, du bonheur et du changement.

Le toxicomane est une personne malade qui nécessite des soins. La toxicomanie rend le toxicomane biologiquement dépendant de la drogue ; elle annihile la personne et détruit toute relation possible avec l’extérieur.

Par conséquent, les toxicomanes ont besoin d’un traitement médical afin de se délivrer de cette dépendance biologique, on appelle cela la « désintoxication ».

Le toxicomane a aussi besoin d’une aide psychologique et sociale afin de redevenir une personne normale sur le plan moral et social. Il a besoin de l’aide de tous pour s’en sortir. Mais le paramètre le plus exigeant et efficace dans le traitement vient de sa volonté à vouloir être soigné et à s’en défaire.

Nous devons faire la distinction entre le toxicomane et le criminel. Le criminel tue à cause de la toxicomanie. Le premier nécessite un traitement tandis que le second doit être puni. La toxicomanie ou le désir d’avoir de la drogue, ne peut excuser le crime.

Les toxicomanes sont sans aucun doute des victimes de la société avec tout ce qu’elle renferme de concepts, de tendances et de gang de dealers.

Ils peuvent être des victimes de la désintégration de la cellule familiale avec sa dispersion, son instabilité et son incapacité à donner le bon exemple.

Dans de nombreux cas, la toxicomanie n’est pas un péché du seul toxicomane mais un péché social dont la famille et la société sont responsables.

 

La dimension religieuse pour traiter la toxicomanie :

La toxicomanie ne détruit pas seulement la santé physique et psychique du toxicomane, mais le prive de sa vie éternelle selon les principes suivants:

Le toxicomane perd sa liberté et se rend esclave de la drogue, du tabagisme ou de l’alcool. Jésus Christ nous a fait dont d’une vraie liberté – « Si donc le Fils vous libère, vous serez réellement libres » (Jean 8 : 36).

Saint Paul demande à ce que nous nous en tenions à la liberté que le Christ nous a donnée afin de ne pas nous empêtrer dans un quelconque joug – « C’est pour que nous restions libres que le Christ nous a libérés. Demeurez donc fermes, et ne vous laissez pas remettre sous le joug de l’esclavage ». (Galates 5 : 1)

Le toxicomane détruit son corps à travers les dommages que subit sa santé à cause de la toxicomanie, et à travers les multiples péchés physiques qu’il commet à cause d’elle, comme l’adultère.

Dieu, Notre Créateur, nous a donné un corps, et par Jésus Christ Notre Seigneur, nos corps deviennent des temples de l’Esprit Saint. Nous ne nous appartenons pas ; au contraire, nous devons glorifier Dieu dans nos corps et nos esprits qui lui appartiennent :

« Ou bien ne savez vous pas que votre corps est un temple du Saint Esprit, qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu et que vous ne vous appartenez point à vous-même ? Car vous avez été rachetés à un grand prix, Glorifiez donc Dieu dans votre corps… » (1 Corinthiens 6 : 19-20).

La toxicomanie est un péché complexe car elle engendre d’autres péchés. Elle conduit à de dangereux amis, au vol, à l’adultère, et à de nombreux péchés car le toxicomane est un esclave qui a perdu toute valeur spirituelle et tout principe moral. La drogue conduit le toxicomane d’un péché à l’autre.

L’Eglise a un rôle important dans la prévention et le traitement de la toxicomanie :

La toxicomanie trouve ses victimes parmi celles qui loin de Dieu et d’une vie spirituelle.

Mener une vie spirituelle pour les jeunes garçons et les jeunes filles les protègent de la toxicomanie.

Le toxicomane a besoin aussi d’avoir une grande foi en Dieu pour être capable de s’affranchir de la drogue.

La dimension religieuse du problème de la toxicomanie force l’Eglise à la combattre à cause de ses responsabilités spirituelles et pastorales, d’autant que la toxicomanie représente un fléau pour la communauté toute entière, donnant à l’Eglise une responsabilité particulière relevant de sa responsabilité nationale envers la communauté dans laquelle elle vit.

Notre Eglise Copte Orthodoxe a un rôle primordial pour combattre le problème de la toxicomanie ; je vais mentionner un exemple pratique de ce qu’elle fait.

L’évêché des Services Public, Œcuméniques et Sociaux en coopération avec l’évêché de la Jeunesse, a commencé le « Programme pour une vie meilleure » en 1988.

 

Le « Programme pour une vie meilleure »

Ce programme traite du problème de la drogue et aussi du tabagisme et de l’alcoolisme. Il œuvre dans ces domaines.

L’information

Le programme organise des réunions d’informations destinés aux jeunes et leurs serviteurs, aux adolescents, aux étudiants, aux travailleurs et leur serviteurs…

Par exemple pour l’année 1991, il y a eu 130 réunions ; et durant la 1ère moitié de l’année 1992, il y a eu 158 réunions au Caire et dans les diocèses. Le programme imprime et met en circulation des imprimés pour propager l’information et propose également des projections de films vidéo relatifs à ce sujet.

La formation

Le programme organise des concours de formations destinés aux serviteurs dans ce domaine, afin de les rendre capable de propager la conscience dans leurs églises et leurs villes, et aussi d’identifier le degré de la toxicomanie dans son traitement.

En 1991, 80 personnes ont été formées dans trois cours. En 1992, 68 dans deux cours ; le premier pour des serviteurs des diocèse de Dairut, El Quossia et Manfalut, le second pour ceux d’Alexandrie, Boheira, Shebin El Kom, Ismaïlia et Le Caire.

Le traitement

Le programme a des accords avec des hôpitaux privés et publics pour la désintoxication du toxicomane, jusqu’à ce qu’une clinique privée du programme ouvre ses portes.

La réhabilitation

Le programme attache beaucoup d’importance à la réhabilitation. La désintoxication prend de sept à dix jours, période durant laquelle le toxicomane est affranchi de sa dépendance vis-à-vis de la drogue. Toutefois, le traitement médical ne l’affranchi pas des effets de la drogue sur sa psychologie et sa personnalité.

Alors se contenter d’une désintoxication exposerait le toxicomane à la rechute et cela explique sans doute devant une totale guérison. Après un traitement médical, le toxicomane a besoin d’une réhabilitation progressive durant un an et demi, pendant laquelle il doit rester dans un centre spécialisé.

C’est long et coûteux et requiert une expérience particulière. Cependant, elle demeure une nécessité vitale pour une guérison totale du patient.

En dehors de sa réalisation, le « Programme pour une vie meilleure » attire l’attention sur l’existence d’un centre spécialisé pour la réhabilitation afin que le cycle d’information, traitement, réhabilitation soit complet.

Cela demande beaucoup de temps et d’efforts, en apprenant de l’expérience d’organisations menées à l’étranger. Nous remercions Dieu d’avoir accru nos efforts avec succès et que le programme possède désormais un centre spécialisé de réhabilitation.

Le centre prend part à la réhabilitation des toxicomanes à travers des thérapies de groupe. Il organisa le traitement de 350 patients en 1991, 23 en 1992 et 100 rejoignirent le programme en 1993. Il s’appuie sur l’expérience des toxicomanes guéries pour aider à en réhabiliter d’autres.

Le programme célèbre des anniversaires pour les toxicomanes guéries, comme un mémorial du nombre des années sauvées de la drogue et comme un encouragement pour ceux qui suivent un traitement.

Le programme de réhabilitation actuel inclut des activités sociales sur l’initiative du club social du centre : des voyages, par exemple.

Le programme attache de l’importance à la vie spirituelle des toxicomanes pendant et après la période de réhabilitation.