« Pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés » (Matthieu 6:12).

 

Celui qui se frappe la poitrine, se repent et demande le pardon avec humilité comme le publicain, celui-là voit sa prière agréée auprès de Dieu.

Quant à l’orgueilleux qui se vante d’avoir acquis le salut et écrasé le diable (comme les Pentecôtistes, les adeptes de l’hérésie du salut en un instant, et leurs semblables), celui-ci ne voit pas sa prière agréée auprès de Dieu. La grâce le délaisse à cause de son orgueil, il s’expose à la chute à tout moment et s’éloigne de fait du Royaume de Dieu « Dieu résiste aux orgueilleux mais il fait grâce aux humbles » (Jacques 4:6).

Ainsi vécurent les Saints, pleurant et se lamentant sur leurs péchés et s’empressant de demander le pardon et la miséricorde, malgré leur vie de sainteté. Plus ils se rapprochaient de

Dieu, et plus ils se rendaient compte de leurs faiblesses et les manquements de leur amour, et plus ils s’abaissaient et demandaient le pardon. Cela les incitait à mener une vie de « sanctification, sans laquelle personne ne verra le Seigneur » (Hébreux 12:14).

Comme nous pardonnons aussi

Cette phrase ne signifie pas seulement que nous pardonnerons dans le futur, ou que nous pardonnons à ceux qui nous nuisent et nous offensent dans le présent, mais elle signifie aussi que nous avons effectivement pardonné à ceux qui nous ont offensés, et ce, avant de nous présenter à la prière.

Dans le texte grec, cette phrase pourrait signifier « Comme nous avons pardonné aussi ». C’est pourquoi, après avoir énoncé le Notre Père, le Christ dit à Ses disciples: « Si vous pardonnez aux hommes vos offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos offenses » (Matthieu 6:14,15).

La condition d’obtenir le pardon du Père est que nous pardonnions à ceux qui nous ont offensés, et ce, avant de demander le pardon.

On raconte de Saint Abraam, évêque du Fayoum, que deux parties en conflit ont demandé son arbitrage. Après de longs palabres, aucune réconciliation ne semblait possible. Il leur proposa alors de se lever et prier. Le Saint énonça le Notre Père d’une voix claire. Quand il arriva à la phrase « Pardonne-nous nos offenses ... », il dit « Ne nous pardonne pas nos offenses, comme nous ne pardonnons pas aussi à ceux qui nous ont offensés ». Un des participants l’interrompit alors pour le corriger. Sur ce, le Saint répondit en disant: « Mes fils, nous ne devons pas mentir à Dieu, et lui dire « Comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés », alors qu’en vérité nous n’avons pas pardonné. Il faut plutôt dire la vérité et ne pas se faire d’illusions en croyant que Dieu a agréé notre prière »

Le Saint a montré ainsi qu’il voulait les blâmer à cause de la dureté de leurs coeurs.

Les adversaires se mirent alors à regretter leur comportement. Ils demandèrent à l’évêque l’absolution et la bénédiction, et ils acceptèrent de se réconcilier. Alors, ils récitèrent avec le Saint le texte correct du Notre Père ...

Le Christ veut que nous ressemblions à Son Père céleste dans Sa capacité à pardonner aux vrais repentants, quelle que soit la lourdeur de leurs péchés.

De même que nous éprouvons du soulagement quand notre Père nous accorde le pardon, nous devons aussi soulager les autres en leur pardonnant.

Si le Seigneur a dit « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux »(Matthieu 7:12), cela implique, à plus forte raison, que tout ce que nous voulons que Dieu fasse avec nous, nous devons le faire aux autres. Et ce, car notre dette envers Dieu quand nous péchons est beaucoup plus grande que notre dette envers les autres quand nous les offensons.

Le Christ nous a enseigné la parabole du serviteur à qui son maître a remis une dette, mais qui n’a pas remis la dette que lui devait son frère. Le maître l’a alors jeté en prison en paiement de son dû.

En ce qui concerne le pardon, nous ne devons pas ignorer les droits de Dieu: l’Eglise doit préserver son troupeau de celui qui ne se repent pas et qui peut être une cause de chute, afin qu’il ne conduise pas d’autres à la perdition.