L’arbre de vie

 

L’Église Copte est un grand et robuste palmier planté sur les bords du Nil. Son tronc est comparable à une superposition de monastères s’élevant jusqu’au ciel. Les moines qui y habitent sont la sève de l’Église et leurs prières sa  force et sa vigueur. Les évêques, les prêtres et les diacres sont comparables aux feuilles de ce majestueux palmier, protégeant de l’ardente chaleur du soleil par leurs paroles, tel une ombre bienveillante, tous ceux qui s’abritent sous leur autorité. La terre où l’Église s’enracine a été irriguée par Dieu depuis des siècles et c’est le Christ accompagné de Sa Mère, la Theotokos, très Sainte Marie, qui planta la graine de cette foi resplendissante. Saint Marc fut le premier jardinier de la maison du Seigneur ; il arrosa de Sa Sainteté l’Église toute entière. Tous les patriarches qui lui succédèrent, continuèrent et continue de nos jours encore à arroser, entretenir et soigner l’arbre du Dieu Vivant. Chaque fidèle de l’Église est une branche de cet arbre et ses bonnes œuvres sont ses fruits, selon la Parole qui nous fut transmise.

Tout sarment qui, en moi, ne porte pas de fruit, il l’enlève, et tout sarment qui porte du fruit,  il l’émonde, afin qu’il en porte d’avantage encore. 29

À mes lecteurs

Nous savons désormais de quelle manière l’Église Copte naquit. Il est important maintenant de connaître la foi et la structure de l’Église, telle que Saint Marc l’établit et qui fut inébranlablement gardé jusqu’à nos jours.

À tous ceux qui ont refusé la Parole et qui s’instruisent par ce livre, je demande tolérance et honnêteté. Laissez de côté vos préjugés de toute sorte et regardez avec humilité et compassion le courage de ces hommes et de ces femmes qui ont résisté à tout, dans une profonde sérénité parce qu’ils connaissaient la Vérité.

À nos amis dans la Parole qui ont refusé les dogmes des apôtres, autrement dit à nos amis les protestants de tout bord, priez avec nous pour que le Christ éclaire nos cœurs et notre intelligence. Constatez avec nous à quel point les fondations de l’Église sont solides, elles ont résistés à toutes les sources de persécutions car elles ont été fondées par le Christ. L’Église Copte justifie tout ses dogmes, par la Bible, la Parole de Dieu à la manière des apôtres en leur temps. Elle est biblique et évangélique mais surtout apostolique, car notre Église tire sa force de l’Évangile et des apôtres qui ont écrit par inspiration divine les Évangiles et tous les textes de la Tradition apostolique. N’est ce pas un Évangéliste qui fonda l’Église Copte ?

À nos frères dans la Parole apostolique, je vous demande de faire preuve d’Amour et charité devant l’Histoire de vos frères, car l’Église est Universelle, elle est une unique comme le corps du Christ est un, indivisible, malgré les tensions et les distances que la faiblesse humaine a créé à travers le temps.

Enfin à mes lecteurs coptes, je demande surtout indulgence et charité devant la grande imperfection de mon travail. Si j’ai pu susciter en vous la fierté d’appartenir à une si glorieuse culture, si j’ai pu ressasser en vous les souvenirs de ces hommes et de ces femmes dont nous descendons et qui ont tant donné pour sauver et inaltéré notre foi, si par ce travail vous avez revigoré votre courage et l’envie de les imiter alors j’obtiendrais la bénédiction d’avoir été le méprisable instrument à la Gloire de Dieu.  Instruisez-vous de votre Église pour porter avec fierté l’emblème du Seigneur. Que votre comportement soit digne de nos ancêtres, car ce n’est ni d’amis, ni de parents, ni des médias que doit venir notre modèle mais du Christ. Amour et charité, voici les enseignements divins qui firent la renommée du christianisme. Mais aujourd’hui, combien d’entre nous peut réellement se dire chrétien ?

Comment trouvez Dieu

Que ceux qui avec humilité et honnêteté recherche la Vérité, écoutent ces paroles de Saint Augustin à propos du Seigneur :
Mais où donc vous ai-je trouvé, pour vous connaître ? Vous n’étiez pas encore dans ma mémoire, avant que je vous connaisse. Où donc vous ai-je trouvé, pour vous connaître, sinon en vous, au dessus de moi ? Là, il n’y a absolument pas d’espace. Que nous nous éloignions de vous ou que nous nous en rapprochions, il n’y a absolument pas d’espace. Ô vérité, vous donnez partout audience à ceux qui vous consultent, et vous répondez en même temps à toutes ces consultations diverses. Vous répondez clairement, mais tous n’entendent pas clairement. Ils vous consultent sur ce qu’ils veulent : mais ils n’entendent pas toujours les réponses qu’ils veulent. Votre meilleur serviteur est celui qui ne songe pas à recevoir de vous la réponse qu’il veut, mais plutôt à vouloir ce que vous dites. 30

La prière

À tous, je vous demande de vous souvenir de moi dans vos prières. La prière est le premier des piliers de l’Église ; c’est à travers elle que Dieu se lie à son Église et à son peuple.

C’est une arme puissante que la prière, un trésor inépuisable, une intarissable richesse, un havre à l’abri des tempêtes, un réservoir de calme : oui, la prière est la racine, le principe, la mère de biens sans nombre. Elle donne intrinsèquement plus de puissance que la royauté. Plus d’une fois on a vu la fièvre dévorer celui qui ceint le diadème ; il gît tout brûlant sur ton lit ; autour de lui se pressent des gardes, des médecins, des officiers de service, des généraux ; mais ni l’art des médecins, ni la présence des amis, ni les services des domestiques, ni la diversité des remèdes, ni un splendide appareil, ni l’abondance des richesses, ni aucune autre ressource humaine n’est capable de procurer au malade le moindre soulagement. Que l’un de ces hommes qui savent parler à Dieu se présente, qu’il touche simplement ce corps, qu’il fasse pour lui une fervente prière, et le mal disparaît aussitôt. Ce que n’ont pu ni les richesses, ni la multitude des serviteurs, ni le savoir, ni l’expérience, ni l’appareil royal, la prière d’un seul homme, souvent pauvre et indigent, l’a obtenu. Et quand je parle de prière, je ne parle pas d’une prière faite avec négligence et lâcheté ; je parle d’une prière fervente, d’une prière faite avec une âme contrite et un esprit attentif. Cette prière remonte jusqu’aux cieux et de même que les eaux, lorsqu’elles coulent en plaine et se répandent sans obstacle, ne sauraient s’élever dans les airs, au lieu que refoulées par la main des ouvriers ou introduites en d’étroits canaux, elles s’élancent dans les airs plus rapides qu’un javelot, ainsi l’âme humaine, lorsqu’elle jouit d’une liberté sans bornes, se dissipe et s’affaiblit ; au lieu que comprimée par les tribulations et refoulée par les angoisses, elle puise dans ces épreuves la force de faire monter vers les cieux de pures et ardentes prières. Oui, ce sont surtout les prières offertes dans la tribulation que Dieu exaucera de préférence. Écoutez ces mots du Prophète : « J’ai crié vers Dieu au milieu de la tribulation, et il m’a écouté ». Ranimons donc la ferveur de notre âme. Et courbons notre tête au souvenir affligeant de nos péchés, non pour nous embarrasser nous-mêmes, mais pour que nos prières soient exaucées, pour que notre âme devienne sobre et vigilante, et qu’elle se rapproche des cieux. Rien n’est propre à chasser la tiédeur et la négligence comme l’affliction et la douleur ; elles enlèvent l’âme à la dissipation et la font rentrer en elle-même. Celui qui prie dans ces sentiments verra après ses longues prières une douce volupté s’emparer de son âme. De même que les nuées, en s’entrechoquant, obscurcissent l’air tout d’abord, puis quand elles se sont fondues en orage et qu’elles ont versé la pluie qui remplissait leur sein, l’air redevient calme et pur, de même la douleur, tant qu’elle est renfermée dans notre âme, obscurcit nos pensées ; mais lorsqu’à l’aide des paroles de la prière qu’accompagnent les larmes elle se déverse et répand son souffle en dehors, il se fait dans l’âme une admirable sérénité, les faveurs divines pénétrant comme des rayons dans le cœur de celui qui prie.

Savez-vous quel est le langage habituel du plus grand nombre ? Je suis sans motif de confiance, je rougis de honte, je ne peux pas ouvrir la bouche.—C’est là une crainte satanique ; ce sont là les prétextes de la lâcheté ; c’est le diable qui s’efforce de vous fermer les portes qui donnent accès jusqu’à Dieu. Vous n’avez pas de motifs de confiance ? Et voici un grand motif de confiance, voilà un sentiment bien précieux, que d’estimer n’avoir pas de sujet de confiance ; de même que c’est pour nous le sujet d’une condamnation ignominieuse et terrible que de croire en avoir. Quelques bonnes œuvres que vous ayez faites, quand même votre conscience ne vous ferait aucun grand reproche, dès lors que vous croyez avoir de justes motifs de confiance, votre prière demeure stérile. Votre conscience serait elle, au contraire, chargée du fardeau de mille péchés, soyez seulement convaincu que vous êtes le dernier des hommes, et vous pourrez vous adresser à Dieu en toute confiance. 31

Le Credo Orthodoxe

Prions donc tous avec humilité. Il convient maintenant de se pencher plus particulièrement sur la foi copte. Et comme un clin d’œil à sa profonde spiritualité, c’est bien une prière qui synthétise les dogmes de l’Église. Avant de découvrir ou redécouvrir cette prière ensemble, rappelons d’abord dans quel contexte elle fut écrite. Sachons d’abord que le Credo Orthodoxe a été écrit en grec, il en existe trois versions. Les deux premières sont reconnues universellement par toutes les Églises et sont le fruit de deux patriarches coptes. La troisième, qui n’est qu’une légère modification de la seconde, n’est reconnue que par les Églises dites post chalcédonienne dont l’Église Copte ne fait pas partie. Cette dernière soulève d’ailleurs une controverse théologique de premier ordre entre les Églises apostoliques acceptant ou non le concile de Chalcédoine, controverse toujours vivace aujourd’hui.

Le contexte historique et théologique amenant à l’écriture du Credo et de son introduction seront traités dans les prochains chapitres. Sachons du moins que les deux premiers paragraphes du Credo orthodoxe sont textuellement le Credo dit de Nicée, défendu en héros de la foi par le Patriarche copte Saint Athanase, l’égal des apôtres, tandis que l’ajout du troisième paragraphe et de l’introduction fut fait sous l’impulsion d’un autre grand Patriarche copte, Saint Cyrille le Grand, pilier de la foi, donnant ainsi le Credo orthodoxe actuel, nommé aussi Credo dit d’Éphèse.

Introduction à l’Acte de foi

Nous t’exaltons ô mère de la vraie Lumière, et nous te glorifions ô sainte mère de Dieu, car tu as enfanté pour nous le Sauveur du monde. Il est venu et a sauvé nos âmes.

Gloire à toi ô notre Seigneur et notre Roi, le Christ : fierté des apôtres, couronne des martyrs, allégresse des justes, affermissement des Églises et rémission des péchés.

Nous proclamons la Trinité sainte : une seule Divinité ; nous l’adorons et nous la glorifions. Pitié Seigneur, Pitié Seigneur, Seigneur Bénis nous. Amen ! 32

 

Acte de Foi (Credo)

En vérité, je crois en UN seul Dieu, le Père Tout Puissant, Créateur du ciel et de la terre de toutes les choses visibles et invisibles.

Je crois en UN seul Seigneur, Jésus Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles. Lumière née de la Lumière. Vrai Dieu né du Vrai Dieu. Engendré, non pas créé, consubstantiel au Père par qui tout a été fait. Qui pour nous, les hommes, et pour notre salut est descendu du ciel. Par l’Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme. Il a été crucifié pour nous sous Ponce Pilate, a souffert et a été enseveli. Il est ressuscité le troisième jour conformément aux écritures. Il est monté au ciel et s’est assis à la droite du Père d’où il reviendra dans Sa gloire pour juger les vivants et les morts et son règne n’aura pas de fin.

Je crois en l’Esprit Saint qui est Seigneur et qui donne la vie ; il procède du Père. Avec le Père et le Fils, Il reçoit même adoration et même gloire. Il a parlé par les prophètes. Je crois en l’Église, Une, Sainte, Universelle et Apostolique. Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés. J’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir. Amen. 33

Nous remarquerons ici que l’Église copte refuse le dogme du filioque qui est un ajout ultérieur au Credo de Nicée et d’Éphèse. Elle considère que l’Esprit procède du Père et non du Père et du Fils, comme le faire remarquer Saint Jean dans son Évangile au chapitre 15 en parlant de « l’Esprit de vérité qui procède du Père. »

La Hiérarchie

Évêque du Caire et d’Alexandrie, Pape et Patriarche, successeur de Saint Marc sur le siège apostolique. Voici le titre officiel du chef de l’Église Copte. Aujourd’hui, Sa Sainteté le Pape Shenouda III est le 116e successeur d’une lignée ininterrompue de patriarches depuis Saint Marc.

Il est métropolite d’Alexandrie, et, comme tout archevêque siégeant sur son archevêché, il est choisi à vie. Le Pape d’Alexandrie est choisi par la Providence Divine, autrement dit selon la foi Copte, c’est Dieu lui-même qui le place à la tête de son Église.

Effectivement, contrairement à l’exemple de l’Église catholique qui élit son Pape, le Saint Synode Copte élit deux à trois candidats parmi les moines et c’est suite à une prière spécifique qu’un enfant en bas âge tire au sort le nouveau Pape. C’est à travers la main innocente d’un petit enfant que Dieu choisi son représentant, ainsi le Patriarche est Saint mais pas Infaillible, contrairement au controversé dogme catholique.

Le clergé de l’Église se compose de trois grands ordres hiérarchique : les Évêques puis les Prêtres et enfin les diacres. Chacun de ces ordres est diviser en degrés hiérarchiques. L’obtention du plus haut degré d’un ordre implique l’obtention de tous les degrés inférieurs mais la promotion d’un ordre à celui qui lui est supérieur n’exige pas d’atteindre le plus haut degré de l’ordre initial. Seuls les évêques ont la possibilité de célébrer les rites du sacerdoce et seul le Pape est apte à nommer un évêque ou à élever son rang.

Ce sont tous les rangs qui sont mentionnés dans la Sainte Bible. Il y a l’ordre des Évêques, du presbytre et du diacre. Tous ces ordres furent mentionnés dans Le Saint Évangile et sont aussi dans la Didaché où il est dit que les Évêques, les prêtres et les diacres sont des ministres de l’Église. 34

Les Évêques

En effet, le Pape, Archevêque d’Alexandrie, est le premier des Évêques et détient seul le plus haut degré de cet ordre. L’évêque est généralement consacré pour siéger sur une chevêche. Ce dernier est un espace géographique sur lequel l’évêque exerce sa responsabilité spirituelle et son autorité hiérarchique, toujours avec bonté et charité. Les chevêches suivent en général les frontières des régions administratives, mais ce n’est pas une obligation. Lorsque, choisis parmi les moines, un évêque est consacrée pour une chevêche, il y siège à vie et obtient alors le rang de métropolite. Si le métropolite le souhaite, il peut diviser sa zone de responsabilité en diocèses avec à la tête de chacun d’eux un évêque. Ces derniers n’ont pas de rang particulier, ils se situent à la base de l’ordre hiérarchique de leur ordre. Si les besoins de l’Église sont important, ce dernier peut demander à être seconder par un ou plusieurs sous évêques.

Parfois, le service de l’Église nécessite une organisation et une synchronisation générale de toutes les chevêches dans certains domaines spécifiques. Le Pape ordonne alors des évêques, dit généraux, chargés de ces compétences particulières et qui ne siègent donc sur aucune chevêche ou diocèse.

C’est bien qu’un rapport est fait ici entre le soin pastoral et l’épiscopat. Le Seigneur Christ est le Bon Pasteur (Jn 10:11) et ainsi Il est l’Évêque et le surveillant de nos âmes. Les Évêques sont mandatés par le Seigneur Jésus Christ pour exécuter le soin pastoral qu’Il exécute Lui-même par eux. Un des autres exemples où l’on retrouve les deux termes : Évêque et Pasteur associé, est la parole de l’Apôtre Paul aux Évêques d’Éphèse : « Soyez attentifs à vous-mêmes, et à tout le troupeau dont l’Esprit Saint vous a établis gardiens (Évêques) pour paître l’Église de Dieu qu’il s’est acquise par le sang de son propre fils. » (Ac 20:28). Nous remarquons là que les Évêques sont nommés par l’Esprit Saint. 35

Les métropolites, les évêques et les sous évêques organisent le Service de l’Église envers le peuple. Assistance aux pauvres, consolation aux veuves et aux orphelins, réconfort aux malheureux, conseils et enseignement à tous sont dispensés dans les paroisses que les Évêques font sortir de terre. Un diocèse peut parfois compter plus d’une dizaine de paroisse, il va alors de soi que même aider des évêques et des sous évêques, le métropolite ne peut faire face à ses responsabilités dans le Service sans ses enfants dans la foi : les prêtres.

La première des différences entre l’évêque et le prêtre est que l’évêque a le droit de nommer les prêtres : en ceci Saint Paul dit à son disciple Timothée : « Ne te hâte pas d’imposer les mains à qui que ce soit, Ne te fais pas complice des péchés d’autrui. » (1Tm 5:22). Il dit aussi à son disciple Tite : « Si je t’ai laissé en Crête, c’est pour y achever l’organisation et pour établir dans chaque ville des prêtres (presbytres) conformément à mes instructions. » (Tt 1:5).
Les Lois Canoniques de l’Église mentionnent qu’un seul évêque peut ordonner un prêtre, alors que l’évêque doit être consacré par l’imposition des mains d’au moins deux ou trois évêques. 36

Les prêtres

Les prêtres sont les responsables des paroisses. Ils assurent prioritairement la célébration de la messe et des autres sacrements. Ils peuvent être mariés avant leur ordination ou être choisis parmi les moines et sont alors assigné à une paroisse où ils assurent une présence permanente aux fidèles et sont toujours présents pour les aider dans leurs problèmes quotidiens.

Le mot « Prêtre » se retrouve dans les Actes des Apôtres , où il est dit que  quand Paul et Barnabé ont prêché dans Lystres, Ionium et Antioche, ils : « Leur désignèrent des prêtres, et, après avoir fait des prières accompagnées de jeûne, ils confièrent au Seigneur en qui ils avaient mis leur foi. » (Ac 14:23).
Nous remarquons ici que la nomination des presbytres a été accompagnée par des prières et des jeûnes et ces prières ont certainement été les prières rituelles spéciales pour l’ordination. Les mêmes termes « La Prière et le Jeune » ont été employés quand Saul et Barnabé ont reçu l’imposition des mains. (Ac 13:3) 37

Lorsque les paroissiens sont nombreux, plusieurs prêtres peuvent être affecté à un même lieu de culte, l’un d’eux devient alors responsable devant les évêques de l’organisation du Service de l’Église : il obtient alors le degré d’higoumène. Encore une fois, il parait extrêmement naturel de penser que, même à plusieurs, la demi douzaine de prêtres, au maximum, ne peut assurer toutes les tâches du service aux fidèles et de l’entretien de l’Église. L’aide des diacres est alors des plus précieuses.

Les diacres

Le rôle des diacres dans l’Église est, dans l’esprit de beaucoup limité aux chants et au service de Dieu durant l’office de la messe, il est cependant bien plus important. Le diaconat  est le plus complexe des ordres de l’Église et se compose de trois grands degrés.

Le premier, le degré de sous-diacres, est lui-même composé des sous degrés de chantre puis de lecteur. Dès l’ordination du sous-diacre en diacre, le jeune homme, sensé apprendre les vertus préparant aux responsabilités des presbytres, ne peut plus se marier. Plusieurs diacres peuvent naturellement être lié à une même paroisse, l’un d’eux supervise alors le groupe en tant qu’archidiacre, soit en obtenant le plus haut degré de l’ordre.

À la manière des saints apôtres qui créèrent l’ordre du diaconat avec, notamment, Saint Etienne, leurs successeurs, les Évêques, ordonnent les diacres dont la mission n’a pas changé mais évolué depuis les temps apostoliques.

Les Diacres sont mentionnés pour la première fois dans le chapitre 6 du Livre des Actes des Apôtres. Où certaines conditions les distinguent du reste du peuple : ils doivent être remplis de l’Esprit Saint et de sagesse, ils doivent être ordonnés par les Apôtres via l’imposition des mains avec la prière et ils doivent effectuer certaines tâches dans l’Église.
Le service social est le première de leurs tâches. Nous savons que Saint Etienne avait aussi la tâche de prédication et d’enseignement (Ac 6:1,9-10).38

Le Saint Synode

Comme nous venons de le faire remarquer, les Évêques sont les successeurs des Saints Apôtres. Ces derniers ont d’ailleurs eux même précisé les critères d’ordination des nouveaux Évêques.

La Sainte Bible explique les condition nécessaires pour l’ordre d’Évêque. Parmi lesquelles l’Évêque doit être : « Apte à l’enseignement », « Que ce ne soit pas un converti de fraîche date, de peur que, lui tournant la tête », « Que ceux du dehors rendent de lui un bon témoignage. » (1 Tm 3:2-7). Dans son épître à Tite, Saint Paul dit : « Attaché à l’enseignement sûr, conforme à la doctrine, ne doit il pas être capable, à la fois, d’exhorter dans la sainte doctrine et de confondre les contradicteurs. » (Tt 1:9)
Il n’est certainement stipulé que tous les fidèles doivent avoir ces qualités. Parmi ces qualités on trouve aussi que l’Évêque doit être « mari d’une femme » (Tt 1:6) « Sachant bien gouverner sa propre maison et tenir ses enfants dans la soumission d’une manière parfaitement digne. Car celui qui ne sait pas gouverner sa propre maison, comment pourrait il prendre soin de l’Église de Dieu. » (1 Tm 3:4-5) Puisque chaque fidèle ne possède pas ces qualités et ces conditions, ce rang sacerdotal n’est pas destiné à tous et chaque fidèle n’est pas responsable du soin de l’Église de Dieu.
Quelqu’un pourrait alors faire la remarque que de nos jours les Évêques ne sont pas mariés…
Nous répondrons que dans l’ère Apostolique, il n’était pas possible d’interdire ces individus saints qui s’étaient mariés, de servir dans le sacerdoce avant que le célibat n’ait été formellement établi dans ce ministère. A l’exemple de l’Apôtre Pierre…
L’Apôtre Saint Paul a commencé à expliquer les avantages du célibat et à l’encourager en disant : « Je dis toutefois aux célibataires et aux veuves qu’il leur est bon de demeurer comme moi » ; « Je voudrais vous voir exempts de soucis. L’homme qui n’est pas marié a souci des affaires du Seigneur, des moyens de plaire au Seigneur. Celui qui s’est marié a souci des affaires du monde, des moyens de plaire à sa femme. » (1 Co 7:8,32) Graduellement, la question du célibat pour les Évêques est devenue un usage suivi et puis a été formellement ratifiée par l’Église au quatrième siècle au premier concile Œcuménique convoqué en 325 à Nicée.39

Comme eux, ils se réunissent pour débattre de questions doctrinales, théologiques, diplomatiques ou tout simplement pratiques. Le Saint Synode ou la Sainte Assemblée est donc la plus haute instance de l’Église, au cours de ces réunions toutes les décisions d’importances sont discutés puis nécessairement avalisées.

L’Assemblée est naturellement présidée par le Patriarche et réunis tous les métropolites, Évêques généraux ou encore supérieurs de monastères. Aujourd’hui le Saint Synode se réunis en cession ordinaire deux fois par an et autant que nécessaire par ailleurs.

Les Sept Sacrements

Les Saints Sacrements reconnus dans l’Église Copte sont ceux enseignés par les Saints Apôtres et reconnus par toutes les Églises apostoliques. Les plus connus sont naturellement le baptême et le mariage mais ils sont au nombre de sept : ce sont les sept colonnes portant la voie qui mène au Seigneur.

Mon imperfection est bien trop grande pour avoir la prétention de vous présenter moi-même ses doux Trésors de l’Église, je vous laisse plutôt le soin de lire avec moi la présentation pleine de sagesse d’un des Évêques de l’Église Copte.

 

Le Baptême

« Si un homme ne naît d'eau et d'Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. » (Jean 3:5) « Afin de la sanctifier (l'église) en la purifiant et en la lavant par l'eau de la parole. » (Eph. 5:25) « Et c'est là ce que vous étiez, quelques-uns d'entre vous. Mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus-Christ, et par l'Esprit de notre Dieu. » (1 Cor. 6:11).
Le baptême est un saint sacrement à travers lequel nous renaissons, en étant submergés trois fois dans l'eau, au nom de la Sainte Trinité, le Père, le Fils et le Saint Esprit: « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » (Matthieu 28:19) Le sacrement du baptême est classé le premier, car il nous ouvre la voie vers le royaume des cieux: « Si un homme ne naît d'eau et d'Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. » (Jean 3:5)

 

Le Saint Chrême

« Pour vous, vous avez reçu l'onction de la part de celui qui est saint, et vous avez tous de la connaissance. » (1 Jean 2:20)
La Chrême (confirmation) est un saint sacrement à travers lequel nous sommes confirmés par le Saint-Esprit.

 

La Sainte Communion (l’Eucharistie)

« Jésus leur dit: En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme, et si vous ne buvez son sang, vous n'avez point la vie en vous-mêmes. Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est vraiment une nourriture, et mon sang est vraiment un breuvage. Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi, et je demeure en lui. » (Jean 6:52-56)
C'est un saint sacrement à travers lequel les croyants mangent le corps saint de Jésus et boivent Son sang, sous la forme de pain et de vin.

 

La Repentance et la Confession

« Ceux à qui vous pardonnez les péchés, ils leur seront pardonnés; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. » (Jean 20:23)
C'est le retour du pécheur à Dieu, cherchant à avoir la paix avec Lui en confessant au prêtre, pour obtenir le pardon. C'est exactement ce que Jésus nous a ordonné de faire quand Il a donné l'autorité aux prêtres: « Je te donnerai les clés du royaume des cieux: ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. » (Matthieu 16:19) « S'il refuse de les écouter, dis-le à l'Église; et s'il refuse aussi d'écouter l'Église, qu'il soit pour toi comme un païen et un publicain. » (Matthieu 18: 17,18) « Ceux à qui vous pardonnez les péchés, ils leur seront pardonnés; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. » (Jean 20: 23)

L'Onction des Malades

« Quelqu'un parmi vous est-il malade? Qu'il appelle les anciens de l'Église, et que les anciens prient pour lui, en l'oignant d'huile au nom du Seigneur; la prière de la foi sauvera le malade, et le Seigneur le relèvera; et s'il a commis des péchés, il lui sera pardonné. » (Jacques 5: 14,15)
C'est un saint sacrement à travers lequel le prêtre oint le malade d'huile sainte pour qu'il ait la bénédiction de Dieu d'être guéri de n'importe quelle maladie physique ou spirituelle.

Le Mariage

« Ce mystère est grand; je dis cela par rapport à Christ et à l'Église. » (Eph 5:32)
Dieu Lui-même a mis sa fondation dès le commencement, car Il a dit: « Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il créa l'homme et la femme. Dieu les bénit, et Dieu leur dit: Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et assujettissez-la. » (Gen 1:27-28) « C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair. » (Gen. 2:24) Jésus-Christ a béni le mariage et l'a élevé au rang d'un sacrement, et Il a dit à propos d'un couple marié: « Ainsi ils ne sont plus deux, mais ils sont une seule chair. Que l'homme donc ne sépare pas ce que Dieu a joint. » (Matthieu 19:6) St. Pierre l'a comparé (le mariage) à l'union entre Jésus et l'Église: « Ce mystère est grand. » (Eph 5:32)

 

Les Saints Ordres

« Ne néglige pas le don qui est en toi, et qui t'a été donné par prophétie avec l'imposition des mains de l'assemblée des anciens. » (1 Tim. 4:14) « C'est pourquoi je t'exhorte à ranimer la flamme du don de Dieu que tu as reçu par l'imposition de mes mains. » (2 Tim. 1:6)
Ce sacrement est pour ceux qui se sont consacrés et qui ont été appelés par le Seigneur pour Le servir.40

Les Principales Liturgies

Les prières dites pendant le mystère de la Sainte Messe, aussi appelées les Liturgies, sont nombreuses et variés. Le premier de tous à avoir institué une prière liturgique est le Seigneur Jésus Christ durant les quarante jours précédent son Ascension. Par la suite, les Apôtres et les Pères y ajoutèrent maintes prières de glorification à Dieu et de supplications au Seigneur. Ces divers ajouts variant selon la spiritualité des peuples et des périodes donnèrent les divers textes liturgiques que nous connaissons.
Depuis les tout premiers temps et jusque nos jours, les trois liturgies les plus utilisés chez les coptes sont celles selon Saint Basile le Grand, Évêque de Cappadoce, selon Saint Grégoire de Naziance, dit le Théologien,  Évêque de Constantinople et  selon Saint Cyrille le Grand, dit le Pilier de la foi, cinquième Évêque d’Alexandrie.

 

La Liturgie de Saint Basile

Elle fut composée par Saint Basile le Grand, Évêque de Césarée de Cappadoce à l’époque de Saint Athanase, l’égal des Apôtres et Pape d’Alexandrie (Vème siècle). Cette liturgie, qui s’adresse au Père est utilisée tous les jours y compris les jours de jeûne car elle est courte et ses hymnes sont simples.

 

La Liturgie de Saint Grégoire

Elle a été établie par Saint Grégoire de Naziance, qui parlait des choses divines, Évêque de Constantinople en 379. Cette liturgie, adressée au Père, est la seconde liturgie la plus utilisée après celle de Saint Basile. Cette liturgie est longue, remplie d’hymnes et l’Église Copte en utilise souvent que quelques prières pour les fêtes et les messes du dimanche.

 

La Liturgie de Saint Cyrille

Elle fut écrite par Saint Marc. Ce saint fut un des soixante dix apôtres. Elle est considérée comme une des plus vieilles liturgies utilisées par l’Église. D’un sens profond, elle est adressée au Père comme la liturgie de Saint Basile. La seule différence entre cette liturgie et les deux précédentes consiste dans le fait que les Oraisons sont priés après les prières de sanctification du pain et du vin. Actuellement une copie de la liturgie initiale de Saint Marc est conservée à l’Université d’Oxford. Elle fut attribuée à Saint Cyrille le Grand, le Patriarche d’Alexandrie (366-444) car il fut le premier a la mettre sur papier, après y avoir inséré et classé des prières complémentaires. Auparavant la liturgie fut transmise oralement d’une personne à l’autre, et utilisée pendant le carême et le mois de Kiahk.41

Les prières des heures et les veillées

Si la messe est au cœur de la vie du fidèle copte, son union avec Dieu ne se limite pas à la consécration du jour du Seigneur. En effet le chrétien des bords du Nil se souvient concrètement sept fois par jouer de son créateur. L’utilisation assidue de l’AGPEYA, le livre des prières des heures est une véritable nécessité pour tout pratiquant du pays.

Et, comme si cela ne suffisait pas à la spiritualité de ce peuple, les égyptiens participent en masse aux veillées religieuses, appelés localement TASBEHA. À ces occasions, chants, psaumes et prières sont repris par les fidèles dans des églises souvent bondés où la jeunesse exhibe sa ferveur, suivant ainsi l’enseignement de Saint Basile de Césarée : « Magnifiez le Seigneur avec moi ! » car « le chant des psaumes assure le plus grand des biens : la charité... ».42

Ces veillées à la gloire du Christ et des héros de la foi ont lieu traditionnellement à la veille de chaque grande fête ainsi que tous les jours du mois copte de Kiahk et du jeune de la Sainte Vierge. Nous remarquons ici l’attachement réciproque du peuple égyptien à la Théotokos, toujours Vierge, très Sainte Marie.

La spiritualité copte est, vous l’aurez compris, particulièrement profonde. L’Église Copte a ses rites enracinés au plus profond de cette spiritualité et nombre de ses dogmes n’ont pu être présenté dans ce chapitre déjà bien imposant. Je vous propose cependant en annexe un article traduit de la revue ecclésiastique copte El Keraza pour permettre de satisfaire les plus curieux d’entre vous.
Notations :

29 Jean 15:2

30 Saint Augustin, Les Confessions 10,26

31 Saint Jean Chrysostome, De l’incompréhensibilité de Dieu, Cinquième Discours

32 Agpeya, prière des heures de l’Église Copte, Bibliothèques Copte Orthodoxe

33 Agpeya, prière des heures de l’Église Copte, Bibliothèques Copte Orthodoxe

34 Le Sacerdoce, Sa Sainteté Shenouda III

35 Le Sacerdoce, Sa Sainteté Shenouda III

36 Le Sacerdoce, Sa Sainteté Shenouda III

37 Le Sacerdoce, Sa Sainteté Shenouda III

38 Le Sacerdoce, Sa Sainteté Shenouda III

39 Le Sacerdoce, Sa Sainteté Shenouda III

40 Les Sacrements, Son Éminence Abba Moussa

41 L’Eucharistie, Bibliothèques Copte Orthodoxe

42 Magnifiez avec moi le Seigneur ! Saint Basile de Césarée